Vous connaissez tous le Tour de France, la grande liesse populaire, la fête du vélo, les 3 semaines qui font la part belle à la petite reine ? Tous ces gars en short hyper moulant qui montre plus qu’il n’en cache, mieux épilés que Miss France avant son passage en maillot devant Jean Pierre Foucaut et qui pédalent du matin au soir.

Et cette année, la première étape avait lieu à côté de la maison. L’occasion unique de découvrir cette grande aventure, découvrir que des gars sont payés pour conduire un melon ou un baril de lessive sur les routes de France. C’est quand même la classe ! On imagine les conversations sur les bancs de la Fac en septembre :

- Non mais moi je conduisais la Fraise, et ça marchait plutôt pas mal avec la fille qui lançait les dosettes de café, mais le type qui conduisait la 4L Cochonnou, un gros blaireau, pistonné par sa mère, parce qu’au début il devait conduire le pot de sauce béarnaise, me l’a soufflé à la 5^e étape. Il lui a filé des bobs en loucedé.. J’suis trop deg’.

Une fois passée la caravane du tour, la patience de Calamity avait atteint les limites de l’acceptable, ni un cuby de Chardonnay ni même une seringue d’EPO n’auraient pu lui permettre de rester stoïque sur le bord de la route encore deux heures pour attendre les gars en short moulant. Et étant aussi sportive qu’une dinde la veille de Noël (donc uniquement dans les cas d’urgence vitale avérée), j’avais décidé de passer la fin de la journée au soleil avec un bon bouquin et un café.

Pendant ce temps, pour accompagner la grande liesse populaire, certains, plus gaillards avaient organisé apéros,barbecues, … Des fêtes joyeuses entre gens de bonne compagnie où l’on faisait la course à vélo entre deux merguez trop cuites, et deux bières bien trop chaudes. On ne se méfie jamais assez de la bière trop chaude.

Mais à ce moment de la journée, le silence enfin revenu après l’avalanche de coups de sifflets digne d’une fanfare brésilienne qui aurait recruté son chef d’orchestre sur un char de la gay pride, il ne restait que quelques cyclistes, prompts aux derniers coups de pédales pour rejoindre leurs pénates, la perruque au vent et le maquillage aussi coulant qu’un camembert au lait cru. Un dernier candidat au maillot jaune, me semble avoir un coup de pédale un peu plus vif que ses camarades. On entend le vélo prendre de la vitesse dans la descente, voilà un cycliste sûrement avide de battre un nouveau record, ou tout simplement oublieux de toutes mesures de sécurité élémentaire en approche d’un virage en épingle à cheveux. Quand soudain vviivivivivivivi ……….Poum ! Sritch scritch..

Après un bruit pareil, tout être humain normalement constitué devrait pousser un hurlement, digne de la Bête du Gévaudan qui viendrait de se prendre l’orteil dans la commode Louis XIV du salon de sa grand-mère. Mais là, rien, silence… Crotte, il va falloir quitter Catherine de Médicis et son escadron volant ( Fortune de France De Robert Merle, un classique.. ). Effectivement c’est bien un cycliste, allongé, la tête sous un arbuste, le vélo abandonné entre la route et le trottoir.

- Bonjour, vous m’entendez ? Silence. - Vous allez bien ? Re-silence. Non seulement le type n’a pas l’air en forme, mais en plus il a la conversation du Mime Marceau aphone. Appel au 15 ! Enfin un échange avec un humain, parce qu’avec mon nouveau pote on est loin du badinage.

- Ooooohhhh mais qu’est ce qui se passe ? Hey Polo ??? Tu fais quoi ?

Fantastique, voilà deux nouveaux gaillards en short moulant ! Et a priori ils connaissent le dormeur du trottoir. Mais pour l’aide apportée c’est pas le pied. Voilà le pote qui veut le mettre debout.

- Non, on va le laisser en PLS. C’est plus prudent ! - Oh ben Polo, allez réponds à la dame ! Hein tu es juste bourré… - Hummm Polo ne répond à aucun stimuli depuis 10 minutes, mais il respire, on va dire qu’on n’est pas trop mal.. Alors tu arrêtes de le secouer ok ?

Sritchhhhhh … bruit de pneus ( cette fois qui freinent ), une portière qui s’ouvre :

- P… biiip, mais tu es complètement c… biiiip ! Mais pourquoi tu n’avais pas ton casque, espèce de c… biiiip ! P… biiiip je vais te tuer ! - Euhhhhh enchantée de faire votre connaissance chère madame, mais pour l’instant, votre cher et tendre époux commence tout juste à me serrer mollement la main, donc vous voudriez bien faire un peu moins de bruit, que je puisse écouter, éventuellement les sons qu’il pourrait émettre. - Mais quel c… biiiip ! Je vais l’étrangler !!!! - Demain ? Hein ? Demain c’est bien, pour l’étrangler ??

Hummm déjà 20 minutes de passées à empêcher ma marmotte de s’endormir, à retenir Gérard qui veut absolument que Polo se lève, à demander à madame de remettre à plus tard ses pulsions meurtrières, à surveiller la moitié des gosses du quartier qui nous tournent autour comme une bande de paparazzi autour de la perruque de Donald Trump ! Je commence à trouver le temps sacrément long. - Ohhhh Bonjour Madame Calamity ! Qu’est ce que vous faites là ?

Voilà Chaton, charmant élève de 4^e qui débarque en plein pendant notre tea party . Décidément ce trottoir devient sacrément bien fréquenté.

Bien envie de répondre que je fais une partie de bridge avec des copines mais il ne faut pas pousser la chance. Alors j’explique rapidement, toujours main dans la main avec Polo !

- Ohhhh ben vous inquiétez pas ! Madame Calamity c’est ma prof, elle me fait des maths et de l’Histoire ! Elle est super forte en Histoire, elle va sauver votre copain !

Bon là clairement je n’ai pas vu le lien, mais quand Polo est venu me voir hier, encore un peu secoué, sa minerve autour du cou, il m’a dit merci !

- Pas de soucis Polo, c’est normal, je suis forte en histoire ( s ) !