le feu ça brûle et l’eau ça mouille…

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Le feu ça brûle et l’eau ça mouille…Ces paroles d’un tube des années 90, d’une profondeur qui pourrait rivaliser avec celle de la fosse des Mariannes, sont venues titiller mes neurones en ce début d’année avec les 6es. Un groupe ô combien sympathique, mais peu enclin à descendre dans le puits de sciences qui leur est proposé, alors la fosse des Mariannes c’est pas pour aujourd’hui. Pour eux être dans la bonne salle est déjà un exploit en soi.

Et ce matin à peine arrivés, il va falloir ressortir. C’est le jour j pour l’alerte incendie. Je préviens donc mes victimes en puissance qu’au moment où la sonnerie va retentir, il faudra s’arracher au travail, le cœur gros. Je mesure bien le sacrifice qu’ils s’apprêtent à faire, et je réponds aux questions angoissantes :

- Mais si on doit partir tout à l’heure, on est quand même obligé de commencer le travail ? demande Pierrot.

Pierrot c’est un garçon charmant, et son métier semble tout trouvé. Je suis convaincue que ce chantre de l’effort ferait des étincelles dans la grande maison du rail et de la grande vitesse. Il a la vocation pour ce métier enivrant de garde-barrière, mais de barrière automatique. Un havre de paix délicieux, des journées dédiées à l’observation du fabuleux mécanisme de la barrière qui se relève toute seule. Mais en attendant je confirme effectivement la dureté de la vie.

- Bien sûr tu commences le travail et tu as même le temps de le finir. C’est le moment que choisissent nos deux camarades absents en début d’heure pour nous rejoindre.

- Bonjour les garçons, vous êtes en retard alors allez vite vous asseoir, et je vous signale qu’il y aura l’alerte incendie tout à l’heure, donc vous suivrez le groupe en laissant vos affaires dans la classe. Mettez vous vite au ….. -Aaaaaaaahhhhhh !!! Quoiiiiiiii ? Mais pourquoi il faut qu’on sorte tout à l’heureeeeee ?? Hummm Charmante Castafiore, je la regarde, elle me regarde, elle voit mes yeux, je vois ses yeux. Oh temps suspends ton vol ! - Ahhhhhh ouiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii ! j’avais oublié !!! hihihihi. Que dire de plus ? Plus serait déjà trop ! Alors je me dis que j’ai deux gars qui viennent d’arriver et qui ne m’ont pas expliqué leur retard. Soyons fous !

- Vous pouvez m’expliquer pourquoi vous êtes en retard ? - Bah en fait je suis allé chercher mes béquilles, je les avais laissées à la vie scolaire vendredi soir, signale John Bonham jr, la version mini du batteur des led Zeppelin. Toujours un bruit d’avance, jamais un silence de retard.

- Tu as laissé tes béquilles vendredi soir ? Et tu les as récupérées ce matin ? Mais tu as fait comment ce week-end ? - Bah j’en avais pas.

Bien, jusque là je suis.

- Mais tu as toujours mal à la cheville ? - Oui ce matin, j’ai mal, mais ce week-end j’avais pas besoin des béquilles.

Deux choix, soit John a une douleur versatile, ce qui est rare mais fort possible, un peu comme la migraine de Mme Michu quand elle se glisse sous les draps le samedi soir et migraine qui disparaît le matin quand Mr Michu retourne vaquer à ses occupations dominicales au PMU d’Arfeuille-Châtain. Soit la béquille est devenue un accessoire à la mode, plus branché que la casquette taille XXS, qui trône sur le haut du crâne. Il va falloir creuser.

Mais en attendant, Pierrot semble chercher quelque chose. - Tu cherches quelque chose Pierrot ? - Oui je cherche la colle pour coller mon problème. - Ah oui, mais non tu as fait une erreur, il faut que tu revoies ton opération, fais attention, vérifie le nombre de meubles dans le camion. - Oui mais je peux coller, j’ai fini. - J’ai compris oui. Mais moi je te dis que tu as fait une erreur donc tu le reprends et ensuite je reviens te voir. - Oui mais je peux le coller puisque j’ai fini.

Cette assurance du fonctionnaire, ce souci du travail bien fait, quelle abnégation tout de même ce Pierrot ! Il sera sauvé par la fameuse sonnerie, celle censée nous prévenir que le feu ça brûle.

Finalement l’opération se déroulera sans accroc et les béquilles en berne, les pieds en capilotade, John finira son chemin de croix en galopant parce que quand les copains rigolent, on est quand même vachement mieux avec eux dehors que dans les couloirs à jouer une nouvelle version de l’éclopé de Lourdes.

Le feu ça brûle et l’eau ça mouille…

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