Docteur Michou

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Docteur Michou

Depuis quelques jours, Calamity n’est pas en grande forme. Des douleurs qui lui vrillent le moral, l’empêchent de dormir et lui donnent régulièrement des envies de jouer du Smith et Wesson 44 magnum dès qu’un bruit dépasse la seule valeur acceptable pour ses oreilles. C’est à dire le cri du bigorneau quand on le plonge dans une eau bouillante, subtilement agrémentée d’algues séchées et d’un soupçon de badiane pour rehausser le goût. Bref un bruit léger.  Mais il faut se rendre à l’évidence, il va falloir retourner consulter le doc. Déjà il y a un mois, les mêmes douleurs m’avaient un peu secouée, et un traitement de cheval pour sinusite avait rendu à Calamity son sourire légendaire et sa bonne humeur, dignes d’une Annie Cordy après un rendez vous coquin derrière la sacristie. Il y avait bien eu quelques dommages collatéraux puisque non arrêtée pour la dernière journée de classe avant les vacances, il avait fallu assurer 7 h de cours sans filet.

- Oh ben vous êtes prof, c’est le dernier jour avant les vacances, ça va être cool. Vous pouvez aller travailler demain. - Ben oui Bichette, le dernier jour avant les vacances ? Comment le qualifier ? Tu vois le grand parc, avec la bestiole avec des grandes oreilles ? Ben c’est pareil, comme un jour pendant les vacances de Noël, quand tu fais le petit serpentin pour la photo avec la dite bestiole ; Mais soit… demain, tel le capitaine du Titanic, je serai sur le pont, fière et digne dans mes escarpins.

Bon je ne vais pas vous mentir, la journée fut longue mais grâce à l’anti douleur proposé par Bichette, je n’ai gardé aucun souvenir de cette journée. Et il m’a fallu faire une confiance aveugle à mes chers collègues pour me faire un rapide résumé : en gros pour une fois, j’étais particulièrement silencieuse en salle des profs. Limite, ils étaient contents. Pffff

Un mois plus tard, me revoilà dans la même situation. La sinusite insiste et semble s’accrocher à mes cavités nasales comme le bigorneau à son rocher. Retour chez le doc, mais le mien cette fois, le gentil, le beau brun.

- Hummm Sinusite, un peu d’antibiotiques, un peu d’opium, et hop un peu de repos. Fantastique, je m’imagine déjà sur mon canapé, revêtue de mon plus beau kimono de geisha, un calumet à la main, relisant les « Fleurs du mal » de Baudelaire. La beauté vénéneuse du XIXe siècle, sacrément plus chic que la bonne du curé d’ Annie.

Mais le plan ne s’est pas déroulé sans accroc, l’opium s’est vachement surfait quand même. Alors après des appels au doc qui jouait de l’aiguille dans un centre COVID avec Annie et Mauricette et au 15 qui m’a gratifié de la charmante musique d’accueil pendant 53 min et 47 s ( sisisisi c’est vrai ), une solution s’impose, retour aux urgences.

Et là c’est compliqué dès le début. Il faut passer le premier sas, une personne à la fois, avant d’accéder au premier cerbère. Jusque là cela semble facile. La porte s’ouvre toute seule, se referme de même, ça part bien. Mais pas de chaise, un peu fourbue, quand même, je m’appuie au mur. Soudain, dans mon champ de vision un autre mal en point s’approche et se fiche comme de son premier Doliprane du panneau « un seul à la fois », et la porte, la traîtresse, lui ouvre. Enfin essaie, car tout d’un coup ça bipe, ça sonne. Le gars s’arrête, regarde en l’air, regarde au sol, regarde sur le côté mais reste sous la cellule photoélectrique, le bidule qui gère l’ouverture mais surtout la fermeture de la porte.

Mais ça ne ferme pas, ça bipe, et moi je crie. Bah oui j’ai choisi le mur le plus proche, et me voilà coincée, dans le coin, la porte bloquée me bloque empêchant tout mouvement libérateur, et donc m’empêchant de sortir mon smith et wesson. Mon cri de douleur aura l’effet escompté. L’importun comprend qu’il faut qu’il bouge son c… Enfin qu’il effectue quelques pas en arrière. Comme disait le grand philosophe Perceval « Je ne voudrais pas faire ma raclette, mais la soirée s’annonce pas super ».

Finalement on m’offre en cadeau de bienvenue, un comprimé de morphine, ils savent recevoir quand même. Les gens de la science, me reparlent de sinusite et décident de me faire passer un scanner pour confirmer leurs certitudes certaines.

Ah crotte, pas de traces de sinusite au scanner ; Bon on reprend le questionnaire. Avec quand même un doute sur les pouvoirs un peu spéciaux de Calamity. Opium, nul, morphine, bof… Quand je pense que certains vivent des expériences ultimes, avec un peu d’herbes aromatiques.. franchement je me demande s’ils ne se la racontent pas un peu.

Quelques minutes, heures plus tard, pas franchement de verdict. Il y aurait des trucs curieux dans mes fosses nasales, et qui n’auraient rien à y faire. Je ne suis pourtant pas une adepte des objets originaux et non identifiés introduits dans des cavités sombres de mon anatomie et non dévolues à ce genre de fantaisies. Mais soit, décision prise d’organiser de nouveaux examens dans quelques jours, et une charmante infirmière vient m’administrer un dernier traitement avant mon départ. Charmante comme pouvait l’être Tatie Danielle, un matin de déprime, en enfilant ses bas varices.

- Vous n’êtes pas allergique à cet antibiotique ? - Je ne sais pas, désolée. - Comment ça vous ne savez pas ? Vous devez bien le savoir non, si vous êtes allergique ou pas à ce médicament, - Étant donné que je ne l’ai jamais pris, franchement non je ne sais pas.

Mouvement d’épaules non subtil, yeux levés au ciel, bruit de bouche. Ok Germaine, j’avale ton truc. Et tranquillement je me prépare à quitter l’établissement, où pas un seul verre de vin ne m’a été servi, un vendredi soir. Quelle honte !

J’ai remis mon joli blouson rouge, mon écharpe fleurie, et mon sac à main posé près de moi, j’attends. La porte s’ouvre, un beau gars, entre, mais marque le pas d’un coup. Crotte, le 5e qui vient m’examiner ? Serais-je devenue un cas pour la science ?

- Je pourrais avoir votre nom, et votre date de naissance, s’il vous plaît ?

J’opine et réponds.

- Mais… vous êtes… une … femme ?

Hummm dis donc toi, tu as le sens de l’observation ; Pour un médecin c’est déjà un bon début.

Tout d’un coup, rires même pas étouffés de Bichette 2 qui débarque.

- Excusez mon collègue, mais comme vous partez, sur le tableau on a déjà noté le nom du suivant et c’est un homme. D’où la méprise.

Méprise ??? Moi je dis que franchement s’il faut faire 9 ans d’études pour reconnaître une femme (soit dit en passant charmante, féminine, gracieuse, et sympathique) dans un box à deux heures du matin, bah je voudrais pas faire ma raclette, mais l’avenir de la France, n’est clairement pas dans sa médecine.

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